"Au cours du XXe siècle, face aux transformations de la diplomatie, la France a dû réaliser un important rééquipement de ses chancelleries à travers le monde. Si auparavant la pratique du « bernard-l’hermite » diplomatique avait été la norme (par le phagocytage de bâtiments préexistants) la France chercha, après la Première Guerre mondiale, à étendre le nombre de ses installations neuves – le ministère des Affaires étrangères faisant alors appel à des architectes sélectionnés avec soin. Ceux-ci furent souvent des Prix de Rome, mais le ministère se montra plutôt ouvert dans ses choix, passant commande à des architectes, certes de formation académique, mais ayant su réinventer leur pratique au crible de la modernité. Ainsi c’est un véritable « modèle français » qui fut mis en place, influençant nombre d’autres grandes puissances. L’image de marque extérieure de la France évolua peu à peu d’une tradition modernisée de l'entre-deux guerres à l’affirmation d’une signature moderne pendant l’après-guerre et les Trente glorieuses.
On retrouve ainsi plusieurs grands noms, dont certains ont déjà fait l’objet de « Carnets d’architectes » : Roger-Henri Expert, Eugène Beaudouin, Georges-Henri Pingusson, Le Corbusier et Guillermo Jullian de La Fuente, le trio Bernard Zehrfuss, Henri Bernard et Guillaume Gillet, ou André Rémondet.
Ces édifices dessinent une autre histoire de la modernité en France, sous l’angle de son institutionnalisation et de sa diffusion internationale. Plus récemment, l’architecture diplomatique a trouvé un nouveau souffle avec les bouleversements de la fin des années 1980, notamment à Berlin avec Christian de Portzamparc, ou Pékin avec une équipe franco-chinoise regroupée autour du cabinet d’Alain Sarfati."